vendredi 10 décembre 2010

Hillside in Provence 1886-90 / London 2010


De près on dirait qu’il a peint en pleurant.


il peint une émotion, le paysage est juste un prétexte. Le mouvement me soulève le cœur. C’est dans les arbres mais c’est aussi dans la pierre, comme s’il y avait du vent dans la pierre. Ca vient de la pierre et ça va jusque dans les arbres, ça les ébranle.


On ne voit pas la colline, ni la roche ni vraiment les arbres en premier.


En premier on voit le mouvement. Et même après le mouvement du pinceau, du vent, de la sensation même après on ne voit pas encore la colline. Parce que les arbres derrière débordent sur le paysage du fond avec l’église. Parce que la perspective est débordée. La colline au fond à droite ressemble à des coups de pinceaux. Les roches devant aux corps des baigneuses bleues et les arbres au ciel tourmenté.


Mais qui est Cézanne pour montrer à la fois tant et si peu ? en fait comme frère de van Gogh mais avec la tentative de communiquer sa tristesse.


There’s a big day coming

vendredi 12 novembre 2010

Déserts (extrait 2)


Contrairement à la maison de Caiscais, cela reste un lieu sans habitudes.

Pour accroître encore cette sensation, elle va rouler chaque dimanche à l’extérieur de la ville. Elle s’éloigne de l’Est. Elle avance avec son vélo au milieu des collines artificielles créées au moment où Berlin était, véritablement, un désert.
Ce jour-là, elle est dans la forêt de Grunewald. Dans ce parc étrange, gigantesque, où se profile à l’horizon, juchée en haut de Teufelsberg, une tour blanche, surmonté d’un dôme. De loin, on pourrait penser que la toile de celui-ci s’est déchirée à plusieurs endroits. On dit que c’était un poste d’observation, espion et tout le flonflon. Sous la colline, il y a 400 000 bâtiments.
12 millions de mètres carré de gravats.

dimanche 7 novembre 2010

Déserts (extrait 1)


D’autres personnes viennent parfois peupler l’appartement, ils restent quelques jours, des matelas dans le couloir, un surplus de provisions dans le réfrigérateur, puis repartent.
C’est comme si l’espace habitable pouvait s’étendre à l’infini, se transformer, grossir comme un ventre puis soudain se vider. Elle parvient quelquefois à marcher dans les pièces et à seulement entendre ses propres pieds sur le plancher. Cela va de même à l’extérieur.
À Berlin, le « nous » devient très vite un « je », à un coin de rue. Pour revenir à la communauté à un autre.

mardi 2 novembre 2010

Allons nous baigner I


Allons nous baigner dans ce lac inconnu de tous. Car il faut un jour goûter ce qui t’échappe à toi et aussi ce qui ne nous ennuiera plus jamais. Plus jamais je te promets. C’est pas qu’on s’emmerde, c’est plutôt qu’on se fait chier. C’est plutôt qu’on sait jamais où on est.

Allons nous baigner II



On commence à écrire ce qu’on vit lorsqu’on sent que ça va finir très bientôt, on sent la fin. Est-ce que c’est ça ?

Si tu ne l’as pas écrit c’est presque foutu au bout d’un moment, tu inventeras les choses. Le reste échappe. Se rappeler de tout ce qui est parti, tout ce qui a coulé, par vagues, par grandes flambées. Tout ce qui a brûlé. Ce qu’il reste je l’ai gardé c’est ce bout de papier. Je me souviens avoir voulu le garder, je me souviens que toi tu avais tenu à ne pas le garder. Toi tu voulais toujours brûler. Tout.

mardi 28 septembre 2010

Praha


party total

sièges de voitures et mécaniques grinçantes partout. La guerre des mondes on a juste oublié lesquels. Odeur de shit, mecs percés rasés genre punks à chien de l'est. Doom au goût de métal. sombre et enfumé. Olivier boit vodka pomme. Laurie aussi. Tranquille. PARTY TOTALE.


Derrière diagonale gauche 14 ans 1/2 roule un joint. Rnb vrombissant, un film bizarre czeck dehors tendu sur une toile / le type reste derrière sa bobine debout dans l'herbe grise.

Les gens dansent de la techno ou un truc chelou à arpeggiators. Rythme lourd et chaloupé. meuf qui chante lumière qui bouge.

mardi 14 septembre 2010

only thinking




Il y a beaucoup trop de blanc, entre les branches des arbres.

Une chienne pourrait passer son museau jusqu’à l’intérieur des troncs.

La gueule arrachée par le mouvement.

Le train balaie tout, même les espaces vierges.

Autrefois, il avait un revolver. Pour pouvoir abattre le soleil.

Il ne lui reste plus qu’une pensée. Qui fait Tic Tac.

(Now. Click on the title please.)

dimanche 12 septembre 2010

équité



Molloy aussi avait une mère.

Comme tout le monde.

jeudi 9 septembre 2010

Rentrée Littéraire


Tous à vos cartables, pliez l’échine, le compte à rebours a commencé.

Amélie Nothomb est déjà à son pupitre, elle a déposé ses fruits sur le bois. Bien en avance.

Bret Easton Ellis aiguise ses crayons. On espère pour le bien être de notre digestion future qu’il ne les enfoncera pas là où on pense. Cette fois.

Michel Houellebecq révise ses cours de géographie. Son chien a mâché ses copies pendant l’été.

On attend les intrigues de fond de classe de Virginie Despentes avec un peu moins d’impatience mais ce très cher Enard devrait réussir à nous faire garder le sourire.

De son côté, Echenoz a renoncé à l’EPS pour la techno et la physique. Il a hâte de commencer et nous aussi. Il devrait être là d'une semaine à l'autre.

Dès son arrivée, on part sécher les cours avec Jim Harrisson. Parce que oui, de toute façon, sa Buick est garée devant le collège, prête à démarrer.

vendredi 20 août 2010

Summer Storm


Il y a quelques gouttes sur le mois d’août. Et le forum des images est fermé. Alors on part acheter des fleurs par dizaines de bouquets. On remplit le métro avec des gardénias, des roses roses, des chardons bleus et d’autres encore, dont on taira le nom.

Et oui, le forum des images est fermé. On aurait bien vu Mes petites amoureuses. On invente des scènes qui n’ont jamais existé. On s’ennuie un peu. Parce que c’est plus joli que le vélib’, on part faire de la bicyclette. On espère crever un pneu, et faire comme dans Les aventures de Reinette et Mirabelle. Mais il se met à pleuvoir. Pas qu’un peu.

Les fleurs sont mises à l’abri et on murmure au-dessus d’elles. Elles s’endorment et on organise une grande fête. Reinette et Mirabelle sont bien sûr conviées. Mes petites amoureuses aussi. Les éclairs passent entre les lattes du plancher où tout le monde danse. Ça pourrait être l’Oklahoma. Ou l’Ohio. Plus sûrement Moscou.
Paris au mois d’août, la belle aventure.

dimanche 15 août 2010

William Kentridge - Automatic Writing


(Click on the title please)


Les projecteurs s’éteignent, d’autres s’allument. Les musées savent parfois former des labyrinthes où des japonaises élégantes prennent garde de ne pas marcher sur les doigts des visiteurs.
Car nous nous sommes éparpillés, au sol, dans la pièce. Nos regards s’égarent, font échos aux films qui s’égrainent sur les écrans multiples. Des fourmis passent sur l’un d’eux, forment des lignes en pointillés. William Kentridge joue au magicien d’Oz et fait voler chaque élément de son atelier. Ici une chaise sur un doigt, ailleurs des feuilles blanches. Un café efface ses traces par un procédé usé de rétrospective, traces oubliées sur lesquelles on écarquille, pourtant, toujours autant les yeux.
Le noir et blanc des tyrans est cruel mais joue son rôle à la perfection. On s’endormirait bien dans la berceuse des longues lignes sombres.
Et puis ce fût un beau dimanche pluvieux.

vendredi 2 juillet 2010

Sur la coupe du monde (par Des Ouistitis)

L’équipe de football arrive en Afrique du Sud.
C’est un pays rouge et vert, de pastèques et de fougères, de lions et d’hippopotames.
Les joueurs ouvrent leurs grandes bouches roses, et le vert et le rouge, piquent leurs langues, piquent leurs yeux.
Sur la terrasse ce soir, les joueurs boivent des jus de pamplemousse servis par des majordomes, Alfred ou Nestor, des noms de blancs sur des peaux noirs.
Les poissons longent les rives, fins comme des lignes bleues qui tracent vers la mer.

lundi 28 juin 2010

vendredi 4 juin 2010

mardi 1 juin 2010

mardi 4 mai 2010

Anyway we are going to be burn alive



Parce qu’il n’y a plus personne et que chacun devient un Calamity Jane, nous allons tous, de toute façon, finir brûlés vifs.

Et qu’il faut du feu pour parvenir au blanc, c’est-à-dire à un ralentissement complet et parfait du métabolisme. Sans que tout cela ne devienne trop sombre.
Il faudrait vous narrer l’histoire des villes qui commencent par W :
Wittenberge, Winterthur, la liste est longue.
La fin du monde s’achève-t-elle sur une montagne appelée Z ?
En attendant, il faut battre les morts tant qu’ils sont froids. Et faire risette aux vivants.

Dans un village A, une petite fille en manteau rouge écrit sur les murs de la ville, mot après mot (à la bombe blanche, évidemment) :
« Ici, chacun cherche son temps ». Son moment. Un espace où se mouvoir, un mouvement toujours, mais plus largement.

vendredi 30 avril 2010

Quelques bribes de l'étrange questionnaire d'Yves Letort (ET LES REPONSES DE DES PANDAS)

8 – Que pensez-vous du ciel et des étoiles quand il fait nuit ?
IL ME TEND LES BRAS, ELLES NE MENTENT QUE SI PEU.

12 – Qu’auriez-vous aimé « voir » si vous aviez été aveugle ?
TON CORPS ET TES YEUX QUI BRILLENT AU-DESSUS DE MOI.

31 - Croyez-vous aux animaux qui n’existent pas ?
OUI, SURTOUT A LA LICORNE QUI ME CONDUIT CHAQUE JOUR A LA PLACE DU METRO.

42 – Etes-vous capable de deviner l’avenir ?
BIEN SUR, TOUS LES JOURS JE PENSE A NOTRE FIN COMMUNE OU INDIVIDUELLE. C’EST PLUS JOYEUX DANS LA COMMUNION, ÇA JE PEUX VOUS L’AFFIRMER.

50 – Préférez-vous les loupes anciennes ou les armes blanches ?
LES ARMES BLANCHES DEFINITIVEMENT, MAIS J’EN AI PEUR. LES LOUPES ANCIENNES APRES COUP NOUS FERAIENT PLUS RIRE EN VOYANT TON VISAGE DEDANS.

59 – Sans regarder votre montre, quelle heure est-il ?
MINUIT L’HEURE DU CRIME. RATE, IL EST DEUX HEURES PLUS TOT.
ÇA VA VENIR NE VOUS EN FAITES PAS.

mardi 20 avril 2010

Et de quelques singes


Les tigres ne sont plus là.

Et cela donnent des choses étranges – de Bengale, de Sumatra, tigrons, ligres, zebrinny ou zebadonk.

Mais peu importe, les anomalies surviennent parce que nous avons tous sauté sur nos montures - rayées de jaune et de noir. Nous ne chevauchons pas, nous ne sommes pas installés, nous sommes entraînés jusqu’à la mer. L’écho d’un autre y tambourine comme un panda assoupi. Nous observons et tentons de revenir là où cela a bien pu commencer.

Mais un singe ne cesse de s’y agiter.