samedi 8 janvier 2011

Déserts (extrait 3)


Ils se sont guettés dans le train, ont cherché leurs visages parmi d’autres. Chacun d’eux était forcément dans le Hamburg-Wittenberge. Mais ils ne se sont reconnus qu’une fois sur le quai : les deux seuls debout là, en pleine nuit. Il a proposé de porter son sac, elle a haussé les épaules.
- Ce n’est pas vraiment lourd.
Ils savent qu’ici, depuis 89 et sans trêve à partir de cette date, les gens partent peu à peu, vident les immeubles les uns après les autres. On ne se charge plus que de mettre une croix sur les portes condamnées. En dix ans, la moitié de la population s’en est allée. Le mur n’a cessé de chuter, encore et encore.
À Wittenberge, on ne sait plus trop quoi faire du temps. Les gens continuent de raconter son histoire immuable.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

de Praha à Wittenberg ....un beau voyage ....avec Cezanne en émotion Manou